
Prisonniers politique France
L’ancien président de la République Nicolas Sarkozy s’apprête à entrer dans l’histoire de manière peu glorieuse. Condamné à cinq ans de prison ferme dans l’affaire du financement libyen de sa campagne présidentielle, il deviendra le premier ex-chef d’État d’un pays membre de l’Union européenne à connaître l’incarcération. Face à cette situation inédite, son successeur à l’Élysée a livré une réaction nuancée entre compassion humaine et respect des institutions.
Une réaction en deux temps de l’ancien président Hollande
Interrogé sur les ondes de RTL concernant la condamnation de Nicolas Sarkozy, François Hollande a d’abord exprimé une forme de compassion envers son prédécesseur. « Humainement, je mesure ce que ça peut représenter pour un homme qui a servi son pays. Et symboliquement, je mesure aussi ce que ça peut représenter pour les Français par rapport à la fonction présidentielle. »
Cette empathie affichée s’est néanmoins rapidement accompagnée d’une mise au point sur les limites de cette solidarité présidentielle. L’ancien chef de l’État socialiste a tenu à rappeler sa position de principe sur la séparation des pouvoirs.
« J’ai rappelé souvent mon attachement à l’indépendance de la justice donc je ne ferai pas plus de commentaire. » Une façon claire de signifier que malgré l’émotion que peut susciter cette situation, les institutions républicaines doivent primer.
Une défense des principes judiciaires face aux critiques
Face aux nombreuses attaques visant l’institution judiciaire dans ce dossier sensible, François Hollande a souhaité réaffirmer certains fondamentaux démocratiques. Sans citer nommément les soutiens de Nicolas Sarkozy qui ont vivement critiqué la décision de justice, il a rappelé l’équilibre nécessaire entre droits de la défense et respect des institutions.
« La présomption d’innocence doit toujours être défendue, c’est un principe. Mais l’indépendance de la justice doit être garantie et c’est le rôle du président de la République de le faire. »
Un précédent historique pour la Ve République
La condamnation de Nicolas Sarkozy à cinq ans d’emprisonnement dans l’affaire du financement libyen de sa campagne présidentielle de 2017 marque un tournant dans l’histoire politique française. La date du 21 octobre prochain restera gravée comme celle où un ancien président français franchira pour la première fois les portes de la prison de la Santé à Paris en tant que détenu.
Cette situation sans précédent dépasse même le cadre national puisqu’aucun ancien chef d’État d’un pays de l’Union européenne n’avait jusqu’alors connu l’incarcération suite à une condamnation judiciaire.
La réaction mesurée de François Hollande illustre la difficulté, même pour les adversaires politiques, de se positionner face à un événement qui, au-delà des clivages partisans, interroge sur la relation entre pouvoir politique et autorité judiciaire dans notre démocratie.
